La face cachée des sujets qui font l'actualité

Elka éditions lance la nouvelle collection "Itinéraire Bis" qui dévoile dans chaque tome la face cachée de 4 sujets qui font l'actualité sous la forme d'enquêtes éco-citoyennes.

Au sommaire du Tome 1 :
- Pollution aux algues vertes
- Ressources cachées de nos poubelles
- Pression sur l’eau
- Agriculture et grande distribution

En vente ici

mercredi 15 février 2012

« Il existe bien un encadrement des prix de l’énergie alors pourquoi pas la même chose pour les fruits et légumes ? »

Itinéraire Bis donne la parole à 4 grands témoins sur les 4 thèmes de ce premier opus. Raymond Girardi est secrétaire général du MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux) nous dévoile la face cachée des prix et marges de la grande distribution dans le cadre de notre dossier "Agriculture et grande distribution".



Itinéraire Bis. Pourriez-vous résumer tous les efforts et toutes les stratégies développées par la grande distribution pour mettre à genoux les producteurs et leur soutirer des prix d’achat indécents ? 

Raymond Girardi. Elles sont de plusieurs ordres. Tout d’abord directement sur la marge que prend la distribution sur les produits achetés au producteur. Je vais donner deux exemples qui vont permettre à chacun de voir l’étendue du problème. Tout d’abord les tomates qui sont un produit leader, c’est-à-dire dont les volumes achetés par le consommateur sont énormes. Cet été, en pleine saison, le kilo de tomates a été payé au producteur entre 0,40 et 0,45 centime d’euros (prix maximum pratiqué). En rajoutant à ce prix le coût du transport et du conditionnement, le kilo de tomates est arrivé dans les centrales d’achat au prix de 0,65 centime d’euros. Ce même kilo a été vendu dans les rayons entre 2 et 3 euros le kilo. C’est plus de 4 fois le prix d’achat au producteur ! Alors, bien sûr, personne ne dit que la distribution ne doit pas prendre sa marge, mais près de 5 fois plus cela questionne. Sachant que pour vivre de son travail et non pas vendre à perte, un producteur français de tomates aurait simplement besoin que son kilo de tomates lui soit payé 0,70 euro ! 


Pour une salade c’est le même constat. Achetée l’unité 0,15 euro au producteur et revenant au total à l’acheteur à 0,45 euro (transport compris) elle est revendue 1 à 2 euro(s) au consommateur. 

Mais ce n’est pas du tout. En plus de ces profits colossaux faits sur le dos de producteurs qui vendent à perte, il y a toutes les pressions exercées. Tout est prétexte pour faire payer les coopératives de producteurs, la grande distribution leur faisant comprendre que c’est une chance d’y vendre ses produits, compte tenu du fait que 80% des achats alimentaires y sont effectués. Forcément, ça situe les rapports de force… 

Tout d’abord, il faut savoir que pour avoir simplement le droit de vendre dans les magasins d’une enseigne, une coopérative de producteurs doit s’acquitter de ce que l’on appelle « le référencement », rien de moins qu’un droit d’entrée qu’il faut payer. Plusieurs milliers d’euros avant même de savoir si l’on va vendre quoi que ce soit ! Puis, il y a les marges arrières. Cela consiste à demander à la coopérative (en fi n d’année) de s’engager a faire à l’enseigne un avoir en marchandises d’un certain pourcentage (en moyenne 5%) de toute la quantité de marchandise livrée au cours de l’année ! Les producteurs commencent donc l’année par donner leur production gratuitement ! Ce n’est pas fi ni, il y a aussi tout ce qui concerne les offres promotionnelles. Ces promotions dont les consommateurs sont à l’affut ne sont supportées que par le producteur ! Quand on vous offre 1 melon pour 1 melon acheté il faut savoir que ce n’est pas votre grande surface qui vous offre ce melon, c’est le producteur, encore et toujours ! Avec une offre comme celle-là, on impose au producteur de fournir la moitié de la quantité désirée gratuitement ! Scandaleux ! La grande distribution ne rogne jamais sur sa marge !

.... la suite de l'interview à lire dans le premier tome d'Itinéraire Bis

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